mercredi 31 août 2011

Rentrée Littéraire 2011: Les coeurs en skaï mauve


Les coeurs en skaï mauve, Sacha Sperling, édition Fayard Roman

Ayant lu son premier roman, Mes illusions donnent sur la cour, je me suis empressé de lire sa nouvelle oeuvre. Comment dire...le deuxième est aussi déroutant que le premier.

On suit l'histoire de Jim, jeune homme n'ayant pas de passé, pas d'avenir voire par de présent (il jongle entre son appartement et son boulot chez un loueur de dvds), rêvant inlassablement des grands espaces américains et d'autoroute sans fin. Jim qui lors d'une fête parisienne rencontre Lou, actrice ratée n'ayant pas la vingtaine et ne souhaitant qu'une chose: que la faible lumière posée sur elle ne s'éteigne pas.
Les deux héros se sentent attirés par le sexe et les rêves flous sans réelle consistance. Ils fuient la capitale, le temps d'un été, et la mère de Lou (actrice tout aussi ratée qui aimerait bien que sa fille s'enlise autant dans la boue qu'elle). Tous les deux vont se contenter du peu qu'ils arrivent à obtenir sur les aires d'autoroute avant que la jeune fille ne réalise que le garçon qui se la joue cow-boy et qui lui promettait monts et merveilles n'est finalement qu'un mec encore plus paumé qu'elle.
Chapitres courts, dialogue rempli à ras bord de termes anglais qui n'ont pas vraiment d'utilité, ça se lit facilement mais à la fin de la 249ème page on est incapable de dire si l'on a aimé ou pas. C'est donc là tout l'art de l'auteur: impossible d'apprécier pleinement mais impossible de dire qu'il n'a pas de talent...

Extrait: "Lou, artificielle et sincère.
Le genre de fille qui mérite qu'on lui fasse des promesses.
Baby, arrête de bad triper. Je préfère quand tu fais des bulles avec les Malabar. Tu sais, moi je suis fort... mais toi... toi t'as bouffé des aimants, et je suis attiré comme un con."

mardi 30 août 2011

Rentrée Littéraire 2011: Terezin Plage


Terezin Plage de Morten Brask, édition Presses de la Cité.

C'est à la lecture d'un article très favorable sur ce livre que ma curiosité l'a emporté et m'a dit: "va donc lire Terezin Plage! Va!". Ni une, ni deux je me le procure et commence à lire le premier roman de Morten Brask.
Premier livre lu de cette rentrée littéraire 2011, première très bonne surprise. Tout cela commence bien!

Morten Brask nous présente un lieu peu connu des jeunes bacheliers (ou alors c'est que j'ai raté un cours d'histoire sans m'en rendre compte) sans pour autant nous plomber le moral comme le font la plupart du temps les livres sur la question Juive lors de la deuxième guerre (on pense au Pianiste ou au Journal d'Anne Franck). Certes l'histoire du jeune étudiant en médecine, Daniel Faigel qui se retrouve avec d'autres Juifs danois,  prisonnier de la "ville modèle" n'est pas d'une gaité folle mais l'auteur parvient à nous la présenter avec un style léger (j'entends par là qu'il arrive à nous faire garder la tête hors de l'eau. Le sentiment de déprime qui arrive vite à force de lire les atrocités commises par les nazis est présent sans pour autant nous donner envie de sauter par la fenêtre) qui nous permet de respirer malgré les péripéties morbides, les moments de tension et les tragédies qui se déroulent tout autour du jeune homme.
L'arrivée de Ludmilla est aussi une bouffée d'air frais. L'amour entre les deux héros nous redonne espoir autant pour leur avenir que pour notre mental. On se surprend à faire comme eux: rêver d'un endroit où le malheur n'existerait pas.
L'idée de faire présent-Terezin et passé-souvenirs de Daniel, a déjà été prise évidemment. Mais ici ça nous donne deux histoires en une seule oeuvre ce qui nous ravit.
Contrairement à la plupart des livres écrit sur cette période historique, celui-ci est un "vrai" roman (même s'il est bien évident qu'il a fallut partir de faits réels et de témoignages), mais ça n'enlève en rien la crédibilité de Morten Brask qui réussit là un coup de génie. Horreur de la guerre, espoir de l'amour et crainte de la mort nous mène par le bout du nez du début jusqu'à la fin et on attend acec hâte son prochain roman.

Extrait: " L'homme m'observe. Il porte des lunettes rondes à montures d'acier dont les verres concaves lui font des yeux minuscules et perçants. Il a l'air d'une souris.
- Comme Dante, tout juste arrivé du monde des vivants, n'est-ce pas?
- Que voulez-vous dire?
- Vous ne connaissez pas l'histoire de Dante et de sa descente aux enfers?
- Si, bien sûr.
- Alors, je vous souhaite la bienvenue, monsieur Dante."


Paris je t'aime

Paris je t'aime, Myriam Thibault, édition Léo Scheer

                                                         Quatrième de couverture:
"Chaque histoire, chaque personnage, chaque destin évoqué par Myriam Thibault est guidé par un rêve: habiter Paris, promesse d'une vie romantique où les couples se font et se défont, où les fantômes rejoignent les vivants, où la musique, le cinéma, la littérature, obsessions de l'auteur depuis l'enfance, sont au centre de tout. Un vent de fraîcheur souffle sur les rues d'un Paris onirique, théâtre intime des espérances et désillusions. Porté par une écriture d'une maturité étonnante, un univers d'écrivain véritable se déploie avec la grâce et la force que donne un talent déjà éclatant.

 Il est bon de tomber par hasard sur un livre inconnu, le temps d'une balade à la Fnac. Sortit l'année dernière Paris je t'aime a tout de suite éveillé ma curiosité. Un petit avis parmi tant d'autres...

Myriam Thibault a un certain style, clair, qui me plaît mais il m'a fallut du temps pour ne plus être agacée par son amour du luxe.
Le problème c'est que dès la première page l'overdose arrive et on meurt d'envie de retirer une à une toutes ces marques qui donnent des pages en pus au recueil de nouvelles. Certes il s'agit ici du choix volontaire de l'auteur qui montre sa vision, fantasme, de la capitale et place volontairement dans un milieu bobo qui doit refléter un petit quart des habitants (mais quel quart!).
En fait, il faut prendre les nouvelles une à un, les lire une à une, pour éviter le trop plein de marque et de snobisme qui envahit la lecture pour apprécier le récit. Car si on lit tout à la suite on en vient à se révolter contre la société de consommation qui...haha.
L'idée de mettre les chansons sur lesquelles elle a écrit (j'imagine) ces histoires est amusante, ça fait vraiment article de blog, ce qui à la fois amuse mais en même temps déconcerte, c'est en dehors du contexte...à mon sens (en gros, je n'ai toujours pas compris à quoi cela servait, désolée, mais je cherche encore!).

Les nouvelles: Une journée Boulevard Saint-Germain: l'idée de suivre un auteur ayant "les moyens" est drôle mais le personnage à l'ego surdimensionné agace. Enfin, c'est ça qui est amusant.
Minuit: en fait, on aurait pu juste faire la description des lieux, les personnages font presque rôles de décor ici.
Quelques saisons plus tard: l'idée de base, couple en crise, est très bonne et le style sans fariboles de l'auteur ajoute un charme de plus à la nouvelle. On regrette presque que cela soit si court car on voit bien ce genre d'histoire en roman.
La Jeune fille au trench rouge: là aussi l'idée de base est plaisante, mais c'est tourné d'une telle manière que la sympathie que l'on devrait porter à la jeune fille est rapidement changé en désintérêt. Elle apparaît tellement lâche face à ses propres choix que le regret que l'on doit ressentir, ou le choc, à la fin n'arrive pas, et n'arrive toujours pas. Le personnage est trop dilué par rapport à ce qui lui arrive. L'abattement (un peu excessif face à son caractère passif) qui en ressort donne envie de la secouer et de lui dire "Réveille-toi"!
Un jour, peut-être...: beaucoup aimé car le milieu des personnages est réaliste par rapport au décor, certes l'agaçement est encore là (cette histoire de sacs me tracasse encore!) mais c'est le petit plus du livre. La seule question que je me pose c'est comment l'héroïne fait pour ne pas saisir dès le départ ce que son compagnon veut lui dire? Parce que pour trouver un homme aussi transparent il faut chercher loin et longtemps.
Rock en Veine: idée vue et revue mais qui aurait pu être bien traitée par Myriam Thibault car son style clair peut -à mon avis- aisément correspondre à tous les sujets. Mais ici,  l'histoire est trop "droguée" pour que le lecteur soit d'accord avec l'auteur. Les sujets comme ça n'ont pas l'air d'être en phase avec la jeune écrivain.
"Gainsbourg et son Gainsborough vont rejoindre Paris": oui...il faut aimer Gainsbourg quoi...c'est qui déjà? Non je plaisante. Apprécier même si je n'ai pas tout compris.
Au beau milieu d'une nuit parisienne: une idée plaisante pour qui connaît Clamp et apprécie de voir en une même histoire plusieurs personnages venant pourtant "d'ailleurs". Très agréable et très posée après toutes ces péripéties. C'est frais.
Un aveu: on est dépaysé par cet allé simple en vacances et ça libère. On est ensuite heureux de retrouver Paris. Très bonne idée!
Au même instant: on voit bien la publicité de la Marie: "Paris, la ville qui vous ouvre ses portes!". Haha! Très amusant.

En bref les nouvelles, prises une par une sont plaisantes malgré les petits défauts qui sont tout de même plaisants et drôles. Les marques aussi, puisqu'elles font partis du recueil au même titre que les personnages (et oui). Tout cela est fait exprès et c'est bien cela qu'il faut comprendre, au risque d'avoir une crise de nerfs pour les plus sensibles. Personnages réalistes (sauf le revenant et ce débauché de rockeur) et description de haut niveau, très pratique pour qui n'est même pas capable de situer correctement la Tour Effel (je ne me vise absolument pas). Un auteur à suivre et qui pousse à avoir envie de voir ce qu'elle vaut en roman! Premier roman qui sortira le 21 septembre 2011.



Pastel Fauve

Pastel Fauve, Carmen Bramly, édition JC Lattès

Quatrième de couverture: "Je n'ai encore jamais eu de garçon dans mon lit. Mes désirs restent empreints d'une pureté virginale qui me fait concevoir l'acte d'amour comme sincère et beau. Quand j'y pense, je vois des draps blancs, de doux sourires, et encore du blanc. Je suis encore sourde et aveugle. L'idée d'une passion mêlée de désir charnel, le besoin de se repaître de l'autre, tout cela m'est étranger, quoique je ne sache pas, ce soir, si je préfère les tons pastels ou les couleurs fauves. Si ça se trouve, les choses sont plus compliquées que je me les imagine.

C'est la dernière nuit de l'année. Paloma, quatorze ans, s'apprête à réveillonner sur l'île de Bréhat, où ses parents ont une maison de vacances. Elle doit retrouver Pierre, de deux ans son aîné, qu'elle connaît depuis toujours. Ils ne se sont pas vu depuis l'été précédent, l'adolescente s'est transformée et les rapports sont à réinventer.
C'est la dernière nuit de l'année et peut-être aussi un adieu à l'enfance."

Sortit lors de la rentrée scolaire 2010, Pastel Fauve a beaucoup fait parler de lui en premier pour le jeune âge de l'auteur (quinze ans) et ensuite pour son contenu qui enthousiasmait certains et énervaient d'autres (tout le monde ne peut pas être toujours d'accord). Je vais donc me rajouter à tous ces lecteurs qui donnent leur avis, mieux vaut tard que jamais!

D'abord le style est très bon, c'est indéniable. Carmen Bramly sait représenter sentiments et actions et le fait sans problème. Ensuite, les références qu'elle apporte tout au long du récit prouve sa passion pour la Littérature, ce qui rassure les "grandes personnes' qui traitent la jeunesse d'inculte.
Cependant: ses personnages ne sont pas crédibles. Son héroïne, Paloma, ne correspond pas à l'idée d'adolescente. On a beau être mature à son âge -cela existe- une ado, qui se veut représentative, ne parle pas d'une telle manière et n'est pas capable de réciter aussi aisément du Cid, qu'on ai fait du théâtre ou pas. Cette scène où elle et Pierre se donnent les répliques de la pièce n'est absolument pas réaliste et n'apporte rien au lecteur si ce n'est comme un goût déplaisant de vantardise (volontaire ou pas).
L'histoire de base, l'amour adolescent, est banale mais plaisante. Cependant: Paloma est d'une telle vulgarité que cela, après avoir bêtement choqué ou dérangé, exaspère. Le personnage se change soudain en une femme mûre en chaleur, on ne reconnaît pas la "fraîcheur" qui émane d'une gamine de quatorze ans, et qu'elle revendique pourtant. Ici l'idée d'amour est trop vague ou pas assez orientée, et l'acte d'amour se dirige vite vers l'acte sexuel gratuit. Carmen Bramly a malencontreusement métamorphosé son roman d'amour adolescent en une simple histoire de cul.
L'idée du chanteur, Peter Doherty, est assez sympa mais là aussi la description est mal exprimée. Ce qui aurait été agréable sous la forme d'une réflexion sur l'amour impossible (fantasme, sens unique, etc.) devient un dialogue snob, gros point noir d'agacement du roman.
Il est clair que ce récit a un public bien précis: les adolescents bobos parisiens, cela se sent. Pierre et Paloma sentent la vantardise, la volonté de paraître et la superficialité de la fausse culture. C'est trop "énorme" et ça énerve par son surréalisme.
Un autre point important: l'idée de mort. On ne sait pas pourquoi elle apparaît soudainement dans l'histoire comme la mouche dans la soupe. Elle est incongrue et ne convient pas à l'atmosphère de Pastel Fauve. Elle semble placée là par naïveté. Peut-être que si elle avait été traité de manière moins niaise (car ici on tangue entre l'opérette et l'invocation d'esprit grinçante) cela aurait parfaitement aboutit. Mais les adolescents qui soudain, entre deux danses et deux engueulades, font une réunion en cercle pour un mort, et lui font chacun un discours, est déplacé. Il n'est pas ici question de morale mais de vraisemblance.

Voilà à peu près mon avis sur le premier roman de Carmen Bramly. Je ne dirais pas que j'ai adoré, mais je n'ai pas non plus détesté. La plume de l'auteur est très bonne,  pour ne pas dure excellente et le serait certainement d'avantage sans tout ce "trop", cette volonté excessive de bien faire qui gâche malheureusement l'ensemble. Il faudrait qu'elle lâche un peu de leste pour parvenir à un style de haut niveau, ce qui ne lui est pas impossible. En gros on veut voir la suite, qui sortira début d'octobre.



lundi 29 août 2011

Le cahier bleu

Le cahier bleu, Anne-Florence Faurre, édition Amalthée

Quatrième de couverture: "Avec un sens aigu de l’observation et beaucoup d’humour, Anne-Florence entraîne son lecteur au fil des pages dans la vie d’une jeune fille. Elle décrit avec légèreté, lucidité, les difficultés de cette période, entre l’enfance à quitter et l’âge adulte à construire.
Dans ce premier opus – écrit au cours de sa seizième année – l’auteur décrit quelques scènes de vie d’une adolescente scolarisée dans un lycée parisien.
Si les observations de cet écrivain relèvent pour la plupart de l’imaginaire, il n’en demeure pas moins qu’elles sont caractéristiques des jeunes adolescentes : amour, amitié, vie quotidienne, petits et grands tracas, suicides…
"

J'aime beaucoup le style d'Anne-Florence Faurre. Elle mélange dans Le cahier bleu réalisme et invention, ce qui ne diminue rien à la lecture de son livre. Humour, réflexions et poésie sont au rendez-vous. On commence la lecture, on retient quelques phrases qui nous attire et on termine la lecture...avant de la reprendre histoire de rire encore un peu!

Vengeances

Vengeances, Philippe Djian, édition Gallimard.

Quatrième de couverture: " Marc, un peintre d’une cinquantaine d’années, est brusquement confronté au suicide inexplicable d’Alexandre, son fils de 18 ans, lors d’une soirée.
Un an après, Marc se remet tant bien que mal de la perte de son fils. Il boit encore un peu trop. Elisabeth, sa seconde femme l’a quitté, lassée. Mais il recommence à créer, entouré et soutenu par son agent Michel et sa femme Anne — ses amis depuis 30 ans.
Un soir, Marc porte secours à une jeune fille complètement saoule. Elle casse tout chez lui avant de disparaître. Retrouvée par Michel, elle se révèle être la dernière petite amie d’Alexandre, se prénomme Gloria et n’a pas de domicile.
Espérant confusément réparer la mort de son fils, Marc lui propose de l’héberger. Gloria, sauvage, solitaire et démunie, accepte la proposition sans un remerciement ni un sourire. Michel se méfie aussitôt d’elle. Il la suspecte de vouloir se venger de Marc qu’elle estime responsable de la mort d’Alexandre. Mais ce sera Michel, la première « victime » de Gloria. Elle l’aguiche et sème la zizanie dans son couple. Dans une atmosphère de suspicion de plus en plus grande, le peintre, Gloria, l’agent et sa femme partent plusieurs fois en week-end. À la fin de l’automne, peu après l’une de ces excursions, Gloria disparaît. Elle est retrouvée trois jours plus tard dans le coma, violée et battue…
L’enquête de police échoue, mais Marc croit savoir qui a agressé Gloria et décide de se charger personnellement de le confondre.

« Les plus atteints étaient les plus jeunes » écrit Djian en ouverture de ce livre qui ausculte la jeunesse des années 2000, à travers les passages à l’acte ultra-violents d’Alexandre et de Gloria, et la façon dont leurs aînés, pourtant pas si éloignés d’eux, les regardent sans les comprendre.
Portrait d’un monde plus nihiliste que jamais, magistralement servi par la plume cinématographique de Djian, Vengeances est un livre tendu et captivant.
"

Avec un tel titre on s'attend à pas grand chose de nouveau: sang, meurtre, histoire de famille, etc... Rien de bien neuf mais un bon thriller comme il y en a tous les étés. Un de ces romans que l'on met dans son sac de plage. On pense savoir...mais il n'en est rien. On a beau chercher, tourner les pages dans tous les sens: pas de crime, pas de secret inavouable. Juste un suicide inexpliqué autant pour nous que pour Marc, héros du roman, qui nous entraîne dans sa vie d'artiste mondain drogué et alcoolique. Sa vie est en lambeaux, et plus les pages passent et plus il se détruit, lui ainsi que ses deux meilleurs amis Michel et Anne, emportant la jeune Gloria - petite ami de son défunt fils- avec. C'est l'histoire de la chute de ces quatre personnages, provoquée par on ne sait qui. L'un d'eux ou tous à la fois.

Homo Erectus

Homo Erectus, Tonio Benacquista, édition Gallimard

Quatrième de couverture:
"Imaginez une confrérie informelle qui réunit exclusivement des hommes, venus se raconter, en quelques mots ou en quelques heures, leurs histoires d’amour, sentimentales ou sexuelles. Des histoires qui, ainsi racontées, accèdent au rang de fictions. Des témoignages bruts, aussi, puisque l’histoire de chacun ne donne lieu à aucun débat, à aucune remarque : on raconte et on s’en va, tandis que les autres écoutent et se taisent. De la brève rencontre à l’attachement sentimental, ces récits viennent ponctuer trois histoires particulières qui illustrent chacune un aspect paradoxal des relations homme-femme. Il y a ainsi l’homme qui est devenu « invisible » aux yeux des femmes, enfermé dans une douloureuse solitude qui vire à la dépression, lorsqu’une inconnue fait intrusion chez lui et décide de s’y installer sans lui demander son avis. À tout prendre, cette compagnie forcée vaut-elle vraiment mieux que la solitude ? Autre récit, celui du mari trompé, dont l’infortune conjugale est le drame de sa vie. Pour se venger de l’infidèle, il décide de ne fréquenter que des prostituées, de manière tout à fait rationnelle et organisée, d’ailleurs, puisqu’il y consacre un budget mensuel bien établi. Va-t-il parvenir à s’accomplir à travers cette diversité de femmes ? Autre histoire complexe que celle de l’intellectuel quelque peu médiatique qui se passionne pour les « people », au point de tomber amoureux d’une top-model. Quelles extravagances spectaculaires vont-elles bien pouvoir sortir de ce choc culturel entre le paraître et l’intériorité ? Un roman aussi drôle que tendre, qui décortique avec brio les cas de figure les plus épineux – et les plus inédits ! – de la relation amoureuse. "

Ce livre pourrait être résumé par l'expression "sensibilité masculine". Il se lit avec plaisir, sans essoufflement et nous fait rire, réfléchir, et sortir les mouchoirs (pour les plus sensibles). Les trois hommes dont nous suivons le parcours sentimental nous apparaissent attachants et l'on se surprend à souhaiter leur bonheur dès les premières pages du roman. 270 pages de bonheur, ce qui nous parait trop court une fois la lecture achevée.

Tour de plume

Tour de plume, Caroline Deyns, édition Philippe Rey

Quatrième de couverture:
"Si vous poussez la porte de la librairie de Monsieur H., vous le trouverez, derrière son comptoir, cachant sa frustration sous un sourire affable. Car Monsieur H., grand amateur de littérature, se désespère en silence de ne pouvoir écrire lui-même une œuvre. Après quarante années de vains efforts, il semble cependant prêt à déposer les armes – son stylo-plume en l’occurrence – et à se consacrer à ses clients.
Un jour, une jeune fille, Isis, entre dans la boutique pour demander son chemin, griffonne un plan, et, cédant à la tentation, dérobe le stylo-plume du libraire. L’objet passera alors de main en main, pour nous entraîner dans une étonnante ronde de personnages : Isis elle-même, fragile adolescente aux journaux intimes peu communs ; Paul, jeune homme faussement ordinaire, s’égarant de soirées arrosées en nuits décousues ; Sybille « bibliovore » obèse, qui s’est volontairement ensevelie sous la graisse au fil des ans ; Emma, trentenaire rangée dont la soudaine déraison ravive une ancienne fêlure ; Roman Hipser, écrivain reconnu…
Ainsi se déroule avec brio un récit dévoilant les failles de chacun, jusqu’à un surprenant final. C’est seulement alors que se révèle le sens du roman, de ce Tour de plume à la saveur douce-amère qui sait si bien tisser des liens entre l’amour des livres et les blessures des hommes.
Caroline Deyns vit et travaille en Franche-Comté. Tour de plume est son premier roman. "

Ne l'ayant trouvé nulle part ailleurs qu'à la Fnac et ce malgré de longues recherches , ce livre était devenu une véritable obsession et une fois acheté je l'ai lu d'une traite.

Tour de plume de Carolyne Deyns est un premier roman épatant. C'est du Ana Gavalda avec le cynisme en plus. On se laisse guider par le narrateur, suivant un à un les personnages pour finalement se retrouver aussi manipulé, au grès d'un hasard bien calculé, que le stylo, véritable héros de l'histoire.
La fin, surprenante nous amuse et nous réjouit (heureux de constater que non, elle n'est pas si simple à deviner). Un très bon livre!