samedi 27 octobre 2012

Cher inconnu

Cher inconnu, Berlie Doherty, collection Pôle fiction, ed. Gallimard.

Ce livre me tentait depuis longtemps, je trouve que cette couverture est très attractive, pas vous?

Cher inconnu est un roman "écrit" à deux mains: nous pouvons lire ce qu'écrit le héros, Chris, et nous pouvons lire les lettres de sa petite amie, Helen.  
Tous deux sont amoureux l'un de l'autre et s'entendent à merveille malgré leurs différences: Helen est terre-à-terre, intelligente et sait déjà ce qu'elle veut faire plus tard. On lui promet un brillant avenir de musicienne ou encore de danseuse, tout lui réussit. 
Chris, lui, sait plus ou moins jouer de la guitare, adore le vélo, et pense se diriger vers la littérature, mais il n'en est pas encore très sûr. 
Ils sont jeunes, tout juste 16 ans, et on la vie devant eux. Ils ont tout prévu, sauf qu'Helen tombe enceinte après une seule nuit. 

Le roman de Berlie Doherty est franc et poétique, autant avec la question de la maternité adolescente qu'avec les personnages. 
Helen passe par tous les sentiments concernant son lien avec l'enfant, et doit affronter un avenir de plus en plus incertain, ainsi qu'une famille aimante mais peu habituée à faire des compromis. 
Chris lui, romantique et rêveur, va devoir se tourner vers son passé pour retrouver sa mère, et affronter la nouvelle Helen, devenue plus adulte quand lui sait à peine où il en est. 
On noue un "lien" avec ce livre, et on suit cette aventure humaine en se demandant jusqu'à la dernière page ce qu'il va advenir de nos deux héros.

Un bon livre, que je trouve dommage de réduire à la seule lecture féminine, malgré les lettres, la plus grosse partie du roman est du point du vue de Chris, un jeune adolescent qui va nous faire partager son amour pour Helen, ses angoisses et ses désirs d'avenir. 


jeudi 18 octobre 2012

Les vacances de Jésus & Bouddha

 Les Vacances de Jésus & Bouddha (tome 1 à 4, série en cours), Hikaru Nakamura, ed. Kurokawa.

    Ces derniers temps côté manga, j'ai eu un énorme coup de coeur pour la nouvelle série d'Hikaru Nakamura: Les Vacances de Jésus & Bouddha! Et si on en parlait un peu...

Je vous vois déjà faire une grimace d'incompréhension par rapport au titre de cette série, tout en disant un grand "hein?" pour bien montrer votre état! Et je comprends! Moi aussi, j'ai eu beaucoup d' à priori sur cette série au début. Rien que le titre me rendait perplexe, je voyais mal comment Jésus et Bouddha pouvaient partir au Japon pour se reposer mais bon... et pourtant! 
C'est là tout le génie d'Hikaru Nakamura: il parvient à nous rendre ces deux légendes plus vraies que nature. 

On a la joie de découvrir des personnages (oui, car ici pas de cours de religion ou de leçon de moral, juste deux hommes légendaires qui tentent de s'en sortir au quotidien en oubliant leur côté saint) hauts en couleur, touchants, amusants et même parfois tordants! L'humour est au rendez-vous, tout comme l'humanité et le coeur. 
Les Vacances... (on va raccourcir le titre, c'est un peu long, vous ne trouvez-pas?) est une série qui touche et rend heureux le temps d'une lecture. On suit avec joie et passion la vie quotidienne de Jésus et de son ami Bouddha qui découvrent la vie japonaise du XXIe siècle. Alors des fois ça marche (ils gagnent un concours de duos comiques) et des fois c'est un peu la galère (le métro japonais n'est pas une mince affaire pour Bouddha)... mais ça fait toujours rire! Avec une panoplie de références historiques tournées un peu à la dérision, mais jamais méchamment, et de personnages plus fantasques les uns que les autres (anges surexcités et disciples plus qu'admirateurs), on ne risque pas de s'ennuyer.

Les Vacances... c'est une chance unique de découvrir un Jésus dingue des ordinateurs et des déguisements,  ou encore un Bouddha soucieux de sa ligne et grand fan de mangas. C'est beau et reposant. Tout simplement génial!






Quand Jésus & Bouddha font une pause après le patin à glace...

Sukkwan Island

Sukkwan Island, David Vann, ed. Folio.

Ne vous fiez pas à la couverture du livre, elle est trompeuse, tout comme le résumé. 

"Une île sauvage de l'Alaska, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim emmène son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs, il voit là l'occasion d'un nouveau départ. Mais le séjour se transforme vite en cauchemar..."

Le livre se sépare en deux parties; la première pourrait être dite "Partie de  Roy", bien que ça ne soit pas écrit à la première personne on comprend que le personnage principal de cette première moitié du roman est Roy, l'ado de 13 ans, qui a décidé de suivre son père fantasque dans cette aventure risquée. Il sait que son père ne va pas bien, et sait que leur relation père-fils ne vaut plus grand chose, il ne sait même plus pourquoi il a accepté de le suivre sur cette île. Mais Roy est un garçon volontaire, et après plusieurs déboires parvient à se faire à l'idée de rester sur Sukkwan Island, malgré toutes les épreuves.

La seconde partie concerne principalement le père, et l'on quitte un "héros" un peu rêveur mais terre-à-terre pour rencontrer un nouveau personnage qui nous apparaît encore plus perdu que ce que l'on croyait. 

David Vann, l'auteur, écrit d'une manière douce mais froide. Ce livre nous plonge dans une nature sauvage et rude aussi bien avec les personnages qu'avec le décor, et nous rend complètement mou au fil des pages. On se laisse bercer comme on le ferait lors d'une promenade en plein hiver, et en même temps on ne peut s'empêcher de rester sur ses gardes, jusqu'à la fin. David Vann sait comment rendre son lecteur anxieux jusqu'à la dernière ligne. 
On est comme Jim: déboussolé, éprouvé, fatigué à la fin de notre lecture, "on ne comprend rien à temps". L'écrivain nous jouera un mouvais tour jusqu'au bout.

Un merveilleux roman obscur et tragique à ne pas mettre entre toutes les mains, les âmes les plus sensibles ne risquent pas de survivre sur Sukkwan Island.

mercredi 17 octobre 2012

Je ne suis pas un serial killer

Je ne suis pas un serial killer, Dan Wells, ed. Pocket.

C'est dur la rentrée, surtout quand on doit lire une dizaine de livres en un temps limité. J'ai toujours eu du mal avec la lecture imposée... enfin bref! Maintenant que le plus gros est passé, je reviens pour parler de mon dernier coup de coeur: le premier roman de Dan Wells, écrivain américain qui a bien fait de se tourner vers la plume. Le premier volet de sa trilogie, Je ne suis pas un serial killer est un régal! 

John Wayne Cleaver, 15 ans, a le nom d'un acteur, mais aussi d'un serial killer, ça ne le dérange pas plus que ça. Au contraire même! Les tueurs en série, il adore ça. Depuis tout petit, tout ce qui touche aux meurtres, aux cadavres et au morbide, l'attire. C'est plus fort que lui. Il en connaît un rayon sur le sujet, et quand plusieurs meurtres sanguinaires commencent à se produire dans sa ville perdue d'Amérique, il se met en tête de poursuivre le meurtrier, avec pour seul arme sa tête. Car qui est mieux placé pour comprendre un monstre, qu'un autre monstre? 

Je ne suis pas un serial killer est le premier volet d'une trilogie imaginée par Dan Wells. Bourré d'humour noir, d'ironie et de références morbides, il fera la joie des fans de la série Dexter ou de tout ce qui s'approche de ce genre littéraire où enquête policière et sadisme ironique font bon ménage. 

Bien que l'intrigue du roman, en elle-même, soit peu profonde (le coupable est rapidement démasqué), ce livre s'en sort haut la main grâce à son personnage principal: John. En effet, on suit un héros hors du commun: c'est un sociopathe. Il ne s'intéresse pas aux serials killers par goûts morbides, mais parce qu'ils se sent proches de ces meurtriers. Et c'est par désir et curiosité qu'il lance un défi à l'assassin de sa ville, pas par empathie (de toute façon il n'en a pas). 
L'enjeu entre John et le coupable est simple: le premier qui arrête l'autre à gagné. Car John connaît très bien le meurtrier, et se dit que pour l'arrêter il lui faudra tuer à son tour. 
La question principale est donc la suivante: John va-t-il pouvoir retenir ses instincts meurtriers face au "démon" de sa ville, ou va-t-il laisser sa part d'ombre prendre le dessus? 

Je ne suis pas un serial killer se lit d'une traite, on se laisse guider par John qui cherche à piéger son coupable tout en essayant de vivre une vie normale pour un lycéen (difficile quand on doit retenir ses pensées morbides tout en aidant sa mère au funérarium familial). La tension grimpe de chapitre en chapitre au fil du duel entre les deux monstres et les quatre dernières phrases nous laissent sans voix. Une fin qui donne envie de foncer vite fait vers le deuxième tome, sortit en juin dernier: Mr Monster.