vendredi 5 juillet 2013

Lune Mauve, t.1: La Disparue

Lune Mauve, t.1: La Disparue de Marilou Aznar, ed. Casterman.

 J'aime beaucoup découvrir des écrivains francophones dans le monde merveilleux de la fantasy et hier j'ai plongé dans le premier tome de la série Lune Mauve de Marilou Aznar. Verdict? 

 Lune Mauve raconte l'histoire de Séléné, une adolescente de seize ans qui quitte sa Bretagne natale (et isolée de toute technologie, merci papa) pour aller vivre chez sa grand-mère parisienne. Un nouveau monde pour elle: un lycée huppé, des amis et des guerres de clans. Séléné ne se sent pas du tout à sa place dans cette jungle adolescente mais elle s'accroche en se disant que tout va s'arranger. Seulement rien ne s'arrange, pire: sa petite vie tranquille prend des allures de films! Sa mère, disparue depuis six ans, réapparaît, ses cauchemars récurrents deviennent de plus en plus proches de la réalité et de mystérieux inconnus tentent de la kidnapper. Séléné en est certaine, sa mère est la clé du mystère. Elle doit donc affronter seule toutes les catastrophes qui lui arrivent pour découvrir le secret qui a poussé Iris la disparue à les quitter son père et elle.

  L'idée de base est assez simple: une adolescente un peu différente des autres, une vie banale qui est tout à coup chamboulée et évidemment le beau gosse qui fait battre le coeur de l'héroïne. Tout ces éléments auraient pu donner un roman simple mais divertissant. Et Lune Mauve est simple et divertissant, mais je m'attendais à plus de surprise, de rebondissements pourrions nous dire. Les mystères ne sont pas assez épais et un lecteur passionné aura vite fait de comprendre tous les secrets placés par l'auteur. Les différentes situations vécues par Séléné sont trop attendues et cette lecture m'a laissé perplexe. 
 Les personnages sont attachants mais le mixte entre Despuès de Lucia et Da Vinci Code (vous pouvez modifier les titres par des films qui vous inspirent plus) ne rend pas très bien et les longueurs sont nombreuses   au cours de la lecture. Lorsque le monde merveilleux est abordé, c'est décrit d'une telle manière qu'on s'y perd et les éléments importants de l'histoire sont presque relégués aux simples divertissements à la toute fin du roman. On passe plus de temps à suivre les déboires de Séléné face à sa cousine Alexia, reine du lycée, qu'à découvrir un univers fantastique qui est quand même à la base de cette aventure. 

  Je ne dis pas que ce roman est mauvais, loin de là. La preuve puisqu'il ne m'a fallut qu'une nuit pour le dévorer mais comme j'en avais entendu beaucoup de bien, je m'étais attendue à plus de spectaculaire. L'histoire trop simple m'a déroutée, d'où ma petite déception. Mais je pense que ce premier roman peut amener à une bonne saga si le côté "vie normale" est vite mis à la trappe. C'est ce que je reproche à ce genre de roman où le fantastique frôle le quotidien: le lecteur peut très vite s'énerver face à tant de vies parallèles si ce n'est pas assez bien justifié. 

En bref: un premier tome qui malgré de très bons éléments (l'idée de l'ancienne civilisation choisie, par exemple) laisse le lecteur perdu et quelques peu déçu. Un roman proche de l'univers du Livre de Saskia de Marie Pavlenko.
Le plus: L'univers qu'on entraperçoit. En vraie fan de l'astre lunaire, j'avoue que j'ai très envie de découvrir ce monde où la lune est une déesse.
Le moins: des points noirs qui m'ont quelques peu étonnée comme les dialogues trop littéraires ou encore les situations trop simplifiées. Les derniers chapitres laissent un goût amer d'accélération après trop de longueurs dans l'intrigue.

Le Prince d’Été

Le Prince d’Été, Alaya Dawn Johnson, coll. R, ed. Robert Laffont.

  Lorsque j'avais entendu parler de sa sortie, en mars dernier, la couverture du Prince d’Été m'avait immédiatement séduite. Et bien que le résumé laissait entendre une romance simpliste dans un décor de science-fiction, ce roman d' Alaya Dawn Johnson me séduisait assez pour que je me lance dans la lecture. Et j'ai été loin d'être déçue, mieux: j'ai été surprise!

  L'écriture d'Alaya Dawn Johnson est fluide et très agréable à lire, on se laisse emporter par son style et le rythme maîtrisé de son histoire tant et si bien qu'on en vient à ne plus lâcher le roman tant qu'on n'a pas lu la dernière page. C'est addictif. 
Il n'y a pas de chapitre, juste quatre grandes parties et ce découpage (de plus en plus rare, je trouve) m'a donné l'impression d'avoir beaucoup de "souffle" tout au long de ma lecture, c'était reposant. 

  Le monde de l'auteur: une ville futuriste dans un Brésil (et un monde) détruit par une guerre mondiale. Dans cette ville ce sont les femmes qui gouvernent, les hommes ont presque détruit la Terre, mieux vaut ne plus jamais leur laisser le pouvoir. D'ailleurs, tous les ans, un Roi d’Été est élu pour partager la couronne avec la Reine mais il n'y a plus qu'un an à vivre à partir de son élection. En souvenir de la folie des hommes, le Roi d’Été est sacrifié à chaque printemps, sur place publique. Les choses sont ainsi depuis des siècles, sauf que cette année tout ne va pas se dérouler comme prévu: le nouveau Roi, Enki, n'est pas près de jouer les idoles éphémères.

  Comme je l'ai dis plus haut, je craignais que cette histoire ne cache une romance trop simpliste. On s'attend évidemment à ce que l'héroïne, June, et le nouveau Roi de sa ville finissent dans les bras l'un de l'autre. Bah non, perdu. Je ne vais pas dévoiler tous les secrets du livre, mais sachez qu'on est bien loin de la romance version Cœur Grenadine
Le personnage d'Enki ne fait rien comme tout le monde et ça me plaît énormément. Tout comme j'aime l'idée que dans ce roman, l'héroïne ne prend pas l'allure d'une pauvre jeune fille simplement amoureuse et fade. June est "la meilleure artiste" du monde et elle est prête à tout pour l'Art. 
  Dans Le Prince d’Été les relations ne sont pas simples et les ambitions personnelles des personnages ont une place importante, ce qui change des romans où l'amour surpasse tout. Ici c'est l'Art face à tout et ça donne un côté monstrueusement brut au livre.

En bref: un roman addictif qui cache bien des secrets, un pur bonheur!
Le moins: c'est bête à dire, mais j'aurais aimé avoir un lexique pour les mots en portugais qui se cachent dans les pages. Heureusement que les dictionnaires existent! Même si on se doute de la signification des mots, apprendre tout en lisant peut être très sympa.
Le mieux: Enki, j'aime ce genre de personnage hors-norme qui donne autant de force au récit.

En bonus: envie de faire un tour sur la page web de l'auteur? C'est là:  http://www.alayadawnjohnson.com/