samedi 2 août 2014

Salmacis

Salmacis, t.1 L’Élue;
de Emmanuelle de Jesus, coll. Black Moon, ed. Hachette.

  Comme beaucoup dans la sphère littéraire, j'avais entendu parler du Concours d'écriture que la collection Black Moon organisait l'année dernière, promettant au vainqueur une publication chez eux.
  Cette chance est arrivée à la nouvelle auteur phare de cette collection, Emmanuelle de Jesus qui publie ainsi son tout premier roman: Salmacis, premier tome d'une série où romance et mythologie sont au rendez-vous. 
  Mais, une fois le rendez-vous pris, le résultat est-il à la hauteur de l'attente? Navrée de le dire mais c'est loin d'être le cas, c'est même bien pire...

"Toute sa vie, Faustine Sullivan, seize ans, s’est contentée d’une place à l’ombre de son frère jumeau. Mais c’est à la mort de ses parents, dans un pensionnat perdu dans la montagne, qu’elle trouve l’envie d’exister.

Quelle est cette force irrésistible qui l’attire vers le mystérieux Andrea ? Et comment imaginer qu’en cédant à ses sentiments, Faustine risque de se brûler les ailes ?"

  Voici donc le résumé de Salmacis, à première vue il s'agit d'une histoire assez simple avec adolescence, amour impossible et beau garçon mystérieux à la clé... Alors quel est le problème? 
  Bien que je sois une râleuse professionnelle, je n'aime pas détruire un livre ou toute autre oeuvre juste pour le plaisir. Personnellement, je trouve plus judicieux de donner son avis en donnant les points négatifs mais également positifs. Aussi, vais-je revenir avec mon éternel Top 3 de ce qui va ou pas. Prêts?

N'ayez pas peur de montrer votre enthousiasme, surtout...
  Ce qui est bien avec Salmacis c'est tout d'abord le style d'Emmanuelle de Jesus. C'est clairement une auteur qui sait jouer avec les mots et qui le fait à merveille. Je n'ai (presque)  pas pu lâcher le roman tant son style et le rythme qu'elle imposait à notre lecture me plaisait. On ne s'ennuie pas un seul instant et c'est quelque chose qui manque souvent dans les romans Young Adult, ça fait du bien de retrouver un auteur qui nous prenne par la main dès le premier paragraphe de son livre!

  Pour ce qui est des personnages, j'aime beaucoup l'idée des jumeaux et je trouve qu'Emmanuelle de Jesus arrive à bien marquer les différences entre Faustine et son frère, Sasha. L'idée de faire un duo mixte, à savoir un garçon et une fille, est également bonne. La jalousie et l'admiration que Faustine ressent en même temps pour son frère et nettement plus réelle que s'il s'était agit de deux soeurs. J'entends par là que le destin qui semble en vouloir à mort à Faustine semble moins cliché et donc que cela permet aux lecteurs de mieux s'attacher aux jumeaux. 
  La tante de Faustine est également un personnage comme je les aime: c'est une jeune femme écrivain qui a du succès mais qui doit se battre avec ses livres puisqu'elle écrit du polar, genre encore considéré comme sous-littérature par certains puristes. C'est aussi une femme qui a jalousé sa soeur - mère des héros - jusqu'à la haïr mais qui aujourd'hui a su trouver sa place en tant que membre de la famille mais également en tant que personne. Elle a su faire face à ses erreurs et je trouve qu'elle apporte beaucoup à l'histoire car elle n'est ni trop parfaite, ni trop délurée. C'est un personnage juste, très humaine avec son passé et ses conseils. 

 Le dernier bon point de ce roman est l'ambiance: j'aime les histoires d'adolescents où rumeurs, trahisons, amour, amitié, problèmes familiaux, etc., se mêlent. Je trouve toujours que c'est très divertissant car très proche de la réalité que l'on a tous vécu au lycée ou ailleurs. Emmanuel de Jesus, avec son lycée privé de petits riches a su donner cette ambiance d'ado où stress continu et bonne humeur sont sans cesse en train de jouer avec les nerfs des élèves. 

Et maintenant... on va causer!
 Malheureusement, vous vous en doutez, tous ces points positifs n'ont pas suffit pour que je termine ma lecture. En effet je n'ai pas pu arriver à la fin de ce livre, en voici les principales raisons... 

1 - Faustine: il arrive parfois que certains lecteurs aiment une série sans apprécier pour autant leur héros, je pense notamment à Harry Potter que beaucoup trouvent agaçant (moi il me plaît bien le petit sorcier, mais là n'est pas la question). Ici, ce fut mon cas pour Faustine. Bien que l'adolescente soit l'héroïne du roman je n'ai pas pu l'apprécier dès les premiers chapitres. Cette fille me semble avoir tous les défauts: jalouse, égoïste, mélodramatique, égocentrique, etc... Qu'elle jalouse son frère je peux le comprendre, après tout ça doit être assez dur de vivre tous les jours auprès d'une version masculine de soi qui réussit en absolument tout. Mais là, l'auteur en à trop fait pour son personnage. La volonté d'Emmanuelle de Jesus de donner un côté adolescente perturbée et mal dans sa peau à Faustine est allée trop loin et j'ai rapidement eu envie de donner une bonne claque à cette miss-j'ai-tout-ce-que-je-veux-mais-je-fais-genre-que-je-ne-le-sais-pas. Que ce soit dans sa relation avec son frère, sa famille ou encore avec Andréa le mystérieux beau garçon, toutes ses réactions m'ont agacé!

2 - Le fantastique: parce que oui, Salmacis est un roman fantastique... après 200 pages de lecture. Ce point est l'un des plus gros défaut de ce livre: le fantastique arrive beaucoup beaucoup beaucoup trop tard. C'est bien simple, lorsqu'il est arrivé, j'avais complètement oublié qu'il s'agissait de ce genre de roman tant les histoires d'adolescents avaient pris le pas sur l'histoire. J'ai même envie de dire que l'arrivée du fantastique m'a dérangé, pour moi ça n'avait plus rien à voir avec ce que je lisais et j'ai même trouvé ça ridicule. Emmanuelle de Jesus tenait une bonne idée et cette soudaine arrivée (à la quasi fin du roman) de l'étrange dans le quotidien est décevante. 

3 - L'histoire d'amour: on le sait très bien, la collection Black Moon adore les histoires d'amour, c'était donc presque obligé que Salmacis parle de romance mais là... je ne sais plus quoi dire! Entre clichés sur les sentiments qui naissent, sur les réactions du mystérieux garçon qui sourit mais pas trop, sur les dialogues ou encore sur l'impossibilité entre les deux héros pour finir ensemble, c'est le pompon! Je ne dévoilerais évidemment rien sur la malédiction de deux amants mais ceux qui l'ont déjà lu sauront de quoi je veux parler. Je trouve l'idée de s'inspirer de la mythologie excellente (j'aime la mythologie) mais encore une fois, l'idée qu'en a retirée Emmanuelle de Jesus est tout bonnement ridicule. Je ne vois tout simplement pas en quoi cette "malédiction" en est une, je ne vois pas non plus en quoi l'amour entre Faustine et Andréa puisse être impossible. Cette malédiction m'a presque plus dérangée que l'arrivée inopinée du fantastique, car non seulement elle est grotesque sur le plan du cliché amoureux adolescent mais en plus elle ne tient pas une seule seconde la route

Je suis un indice...
En bref: Salmacis est un roman qui m'a profondément déçu, de par son contenu maladroitement traité, ses personnages clichés ou encore son mystère amoureux qui non seulement n'a rien de prometteur mais qui en plus laisse le lecteur dérangé par ce changement soudain de genre. Un roman qui laisse perplexe par rapport à son titre de vainqueur... Dommage!
Le moins: des clichés et des maladresses qui peuvent déranger grandement le lecteur avisé. 
Le plus: Emmanuelle de Jesus, malgré les défauts de son premier roman, sait écrire, et je compte bien la relire un jour, mais pas avec Salmacis. J'attends mieux...