jeudi 27 octobre 2011

Les Agents Littéraires: Tranches de mort

Tranches de mort, Franck Vinchon, édition Société des écrivains.

Il paraît que pour le petit-déjeuner, une ou deux tranches de pain, c’est excellent. Personnellement je me réveille en lisant Tranches de mort de Franck Vinchon.
Mais qu’est-ce donc que cela ? Un recueil de nouvelles, neuf nouvelles plus morbides et tordantes les unes que les autres. De quoi ça parle ? De mort, essentiellement, d’ironie aussi. L’ironie des situations, de la vie en générale ou alors l’ironie du sort, tout simplement.

On rencontre de tout dans ce charmant petit livre : des acteurs hollywoodiens, des médiums musicaux, des suicidaires maladroits, des grand-pères révolutionnaires, et j’en passe.
On rigole du début à la fin, on sait comment ça finit, mais on est à chaque fois surpris et amusés de la façon dont cala  se passe. Pas une seule répétition, juste un cycle naturellement horrible, après tout, la mort est habituelle non?

En bref, si Franck Vinchon n’a pas pris un sujet incroyablement nouveau, il a su le travailler de manière à en faire quelque chose de relativement neuf, humour et style grinçant aidant. Pas de déception à l’horizon, même pas d’envie de sauter par la fenêtre, on ressort de cette lecture plus joyeux que jamais. C’est beau, la vie, tout compte fait !

Nouvelles préférées de ma lecture : Touché…Coulé ;
Pickpocket ;
Peur de son ombre.

Critique pour les Agents Littéraires

mardi 11 octobre 2011

le faire ou mourir

le faire ou mourir, de Claire-Lise Marguier, aux éditions rouergue.

Je n'aime pas les histoires joyeuses, faut croire, car déjà rien qu'au titre on imagine le roman sur l'adolescence noire, incomprise voire suicidaire. Bah t'as tout faux mon coco! le faire ou mourir c'est le premier roman de Madame/Mademoiselle (?) Marguier, un premier roman plus que réussit! Mais alors, ça parle de quoi? D'adolescence évidemment, mais d'adolescence qui n'en ai pas vraiment une.

On rencontre Damien, alias Dam, jeune homme de bientôt 16 ans qui n'a jamais connu l'affection et l'amour familial. Sa mère l'ignore, sa soeur aînée passe son temps à le rabaisser et son père, quand il ne le réduit pas verbalement à de la "bouse de vache" passe son temps à le corriger pour le remettre dans le droit chemin. Papa est déçu. Dam n'est ni athlétique, ni casse-cou, ni même révolté, il passe son temps à se taire, à avoir la trouille de tout et à pleurer comme un enfant. Dam est un artiste dans l'âme, il aime dessiner, et sa sensibilité se traduit un peu trop facilement en eau pour sa famille. Dam est l'enfant raté, on aurait aimé qu'il soit autrement, peut-être plus...ou peut-être moins. On ne sait pas, Dam non plus. Incapable de savoir ce qu'il aime, ce que sera demain, terrifié à l'idée de devoir choisir ne serait-ce que de respirer, il passe pour la chiffe-molle de son lycée et finit souvent avec de jolis bleus offert par les skateurs du coin. Personne ne lui ai jamais venu en aide, pourquoi ça changerait? Mais non. Un jour, Samy intervient, l'aide à se relever et le prend sous son aile dans son groupe de gothiques, qui n'ont de gothiques que le look. Samy est un jeune homme de deux ans son aîné, intelligent, enjoué et doué pour la vie, il devient l'ami, le confident puis l'amant de Dam. Car Dam, suite à une rumeur se laisse passer pour homosexuel, lui qui venait de se faire larguer par une fille qu'il aimait beaucoup il y a encore peu. Il n'a pas nié, grâce à ça on lui fichait la paix. Seulement voilà, plus les jours passent et plus il ressent des sentiments profonds pour Samy, qui n'y est pas indifférent loin de là. Ils pourraient s'aimer tout simplement si Papa ne voyait pas ça d'un très mauvais oeil. Plus le droit à rien: le dessin terminé, le groupe de tarés tout en noir terminé et Samy le gigolo terminé aussi! Dam va devoir faire un choix: s'affirmer devant le paternel au risque de se faire tuer, ou se taire au risque d'exploser un jour (il faut bien, il ravale tellement de choses depuis sa naissance).

On est heureux quand Dam est heureux, désespéré en même temps que lui, on ressent sa colère qui pourrait très bien se changer en haine meurtrière. On aime Dam, oui on l'aime et on a envie qu'il soit heureux. On ne lâche pas le livre (103 pages), comment? CM de philo? Rien à faire, moi je veux finir (non c'est pas vrai, je suis une fille raisonnable)! En bref: on adore! Oh que oui on adore! On finit la lecture avec des envies de liberté et d'amour, une joie de vivre plus forte que celle qu'on ressent face au sapin de Noël! Magnifique! Je suis en vie! C'est pas merveilleux ça? Ce qui est merveilleux ici c'est le premier roman de Claire-Lise Marguier, une merveille à mettre entre toutes les mains en mal de coups de coeur! Aller, hop hop! On court chez son libraire!

vendredi 7 octobre 2011

Rencontre avec Myriam Thibault



Et oui, en ce jour de pluie j'ai rencontré Myriam Thibault au café Virgin des Champs Elysées. Entre deux discussions sur les livres et quelques gorgées brûlantes d'infusion de thé (parce qu'ils avaient plus de thé) nous avons réussi à faire le célèbre jeu du question/réponse. Alors voilà: interview de Myriam Thibault made in Oly.

Une petite présentation?
Je m'appelle Myriam Thibault, j'ai 18 ans. Je suis en Lettres Modernes Appliquées à la Sorbonne. Je suis née à  Brest, j'ai vécue à Tours et maintenant je vis à Paris. J'aime bien lire, écrire, je joue de la flûte traversière depuis dix ans, et du piano. Je suis rédactrice pour la Cause Littéraire, j'ai un blog...et ben voilà.

Un petit résumé de ton dernier livre, Orgueil et Désir?
C'est un homme qui habite Paris, qui a l'habitude de suivre les femmes et cette fois-ci, alors qu'il est à une terrasse il en voit une qu'il va suivre, elle est tellement belle qu'il va perdre sa discrétion et elle finit par le voir. Il va alors perdre tous ses moyens et fuit. Et là, c'est elle qui va le suivre.

Qu'est-ce qui est le plus horrible quand on écrit un livre?
Les corrections. Le terme "horrible" est un peu fort mais ça prend vraiment beaucoup de temps. La première fois on le fait seul, ensuite on le fait une seconde fois avec l'éditeur puis on doit le refaire parce que l'éditeur en a encore trouvé des fautes. Le pire c'est les corrections au téléphone (rires).

Qu'est-ce qui est le mieux?
Deux choses: le mode ermite, quand on est tout seul au moment de l'écriture, et ensuite c'est lorsqu'on rencontre du monde.

Ton mot préféré?
"Littérature". J'aurai pu dire "musique" aussi. Pour moi ce sont deux choses indispensables, je ne pourrai pas vivre sans je crois...

Si tu étais un personnage de livre?
Octave Parango du roman 99F de Frédéric Beigbeder. Il est complètement barré. C'est un personnage totalement à côté de la plaque.

Quel livre aurais-tu aimé écrire?
Un château en Suède de Françoise Sagan. C'est un livre génial, vraiment très bien écrit. Il me donne envie d'écrire du théâtre.

Plutôt stylo ou plutôt clavier d'ordinateur?
Clavier d'ordinateur. Avant j'écrivais au stylo mais comme c'est plus rapide de commencer directement à l'ordinateur...

Un indice pour ton prochain livre?
J'ai une très vague idée, il devrait se passer en une seule journée, ça ne se passera pas à Paris.

Aimerais-tu faire des photos pour des couvertures de livres ou autre?
Ah oui, j'adorerai!

Comment réagis-tu face aux mauvaises critiques?
Les mauvaises critiques ne me touchent pas. Si elles sont constructives, je les écoute pour m'améliorer mais sinon ça ne me fait rien.

Si on te proposait de faire un film basé sur ton livre, serais-tu d'accord?
Oui. J'aimerai beaucoup le faire moi-même. Ou avec quelqu'un du métier. Par contre je ne vois pas qui pourrais jouer le rôle de mes personnages.

D'où t'es venu l'idée de course-poursuite pour Orgueil et Désir?
Au tout début, ça ne devait pas être ce genre d'histoire. L'homme devait être un malade mental qui suivait la femme et la tuait, mais comme ça ne me correspondait pas j'ai du changer. J'ai gardé l'idée de poursuite mais l'homme est redevenu normal. Et comme je voulais faire de l'ironie je l'ai rendu pédant et snob.

Merci à Myriam pour cette pausé café sans café.
Ah! Message personnel: à force de parler je suis devenue complètement aphone...et maintenant ma soeur se moque de ma voix. Vive la vie! Haha!

samedi 1 octobre 2011

Rentrée Littéraire 2011: Room

 Room d'Emma Donoghue, édition La Cosmopolite Stock.

J'avais lu une critique plus qu'excellente sur ce roman d'Emma Donoghue, une semaine avant que la rentrée littéraire ne commence. Immédiatement j'ai eu envie de lire ce livre, tout comme Terezin Plage je me suis sentie attiré (oui, j'aime bien les histoires qui commencent mal).
Mais Room n'étant pas le seul livre à lire j'ai pris mon mal en patience et j'ai attendu. On dit que les choses que l'on a longtemps attendues sont les meilleures. Pas faux! Même 100% vrai!

Avec Room, l'écrivain nous plonge directement dans le cerveau de Jack, petit garçon de cinq ans qui n'a pas sa langue dans sa poche. Brillante idée, mais en quoi ce petit garçon est-il si différent des autres? Jack est né dans la Chambre, n'en est jamais sortit et ignore que tout ce qu'il voit sur l'écran de Madame Télé existe en vrai. Il est né d'un des nombreux viols qu'a subi sa mère depuis qu'elle a été enlevée et séquestrée dans la Chambre par Grand Méchant Nick. Mais quelques jours après son cinquième anniversaire, sa mère et lui décident de s'échapper, au risque de rester enfermer là toute leur vie, vivants ou pas.

Inspirée d'un fait réel, l'histoire aurait très bien pu n'être qu'un roman de gare de plus, mais non. Emma Donoghue s'est inspirée, le reste de l'histoire elle le doit à Jack, petit héros qui ne sait pas trop si le monde du dehors vaut vraiment la peine d'être visité. 
Ici, pas de pathos, pas de bonnes réflexions sur la liberté individuelle ou encore de grands discours qui se résument en "les méchants en prison et les gentils en miracles". 

 Room est un livre à part, qui raconte l'histoire d'un petit bonhomme à part dans un monde où les faits divers terrifiants remplissent plus de pages de journal que tous les articles sur le sport. Un livre à mettre entre toutes les mains. D'un pour comprendre le point de vue d'un petit garçon extraordinaire, et de deux pour comprendre le point de vue d'un petit garçon extraordinaire qui aimerait bien ne pas l'être.

Extrait: Au bout d'une minute, je dis: "Pas d'autres idées?
- Toujours les mêmes qui tournent sans arrêt dans ma tête comme des rats dans une roue", dit Maman entre ses dents.
Pourquoi les rats tournent là-dedans? Comme une Grande Roue à la foire?
" Il faudrait qu'on trouve une ruse, je lui dis.
- Comme quoi?
- Comme quand tu étais étudiante et qu'il t'a attirée dans son camion avec son chien qui existait pas."