samedi 7 avril 2012

Challenge Zombies: Vivants

            Vivants, Isaac Marion, éditions Bragelonne.

   C'est une amie, qui connaissant bien mes goûts m'a un jour parlé d'un futur film où un zombie tombe amoureux d'une humaine. Ma première réaction a été "de quoi?! Mais c'est ridicule, un zombie ne peut pas tomber amoureux!". Curieuse, je me suis alors penchée sur ce fameux Warm Bodies et à force de fouiller j'ai appris que le film se basait sur un livre dit "absolument génial". Ni une ni deux je me le procure, et le lendemain je l'ai terminé, voici donc la fin du Challenge Zombies, un challenge qui se termine sur une lecture...grandiose!

   Nous découvrons un monde apocalyptique, -comme souvent lorsque nos bons vieux zombies débarquent- où R, jeune mort de son état nous dévoile sa vision des choses. Car R pense, parle (difficilement) et s'amuse à collectionner les objets les plus communs dans sa petite maison de zombie (avion abandonné dans l'aéroport où lui et les autres créatures ont décidés d'habiter). R a la mémoire défaillante et ne sait plus qui il était ni ce qu'il faisait de son vivant. Il sait seulement ce qu'il peut faire maintenant, en tant que Mort, c'est à dire pas grand chose. Il marche, se promène presque, va manger quelques humains vivants et repart vivre sa petite vie monotone. Mais R ne fait pas que traîner des pieds dans la ville, il pense, et beaucoup. R est un zombie étrange: poète, rêveur et incroyable romantique sur les bords, il ne peut pas s'empêcher de philosopher sur son état de mort-vivant et sa rencontre avec Perry et Julie, deux vivants ne va rien arranger.
Lors d'une chasse il tue Perry et lui dévore le cerveau, mais il n'avait pas prévu d'entrer en contact avec les souvenirs, les sentiments et l'esprit de sa victime. A partir de là, tout change pour R, il ressent mieux, et surtout a un autre objectif qu'errer bêtement en regardant le temps défiler. Il décide de protéger la petite amie de son repas: Julie, une jeune femme rêveuse, et grande gueule qui le fascine. Avec elle la vie semble plus...vivante, lui-même se sent changer, et pas seulement lui, mais tous les autres zombies.

   Isaac Marion a réussi l'improbable: une histoire d'amour avec un zombie qui n'a rien de grotesque. Tout simplement parce qu'il a remanié le mythe du zombie. Alors certes, dès les premières pages le lecteur grogne parce qu'on tombe nez-à-nez avec R, le narrateur et héros, qui pense un peu trop mais au fil des chapitres on comprend qu'effectivement quelque chose change et à la fin on réalise pourquoi cette romance n'est pas si surréaliste que ça.
Avec R, on découvre une nouvelle espèce de monstre, pile entre les zombies de The Walking Dead et les vampires malades de Je suis une légende: un monstre bouffeur d'humains qui malgré tout à les capacités mentales pour penser et ressentir. Et une fois que cette notion est comprise par le lecteur, le reste coule de source et on est enchanté par ce livre.

D'une écriture fluide, contemporaine et tout de même poétique, on a avec Vivants, un roman d'un nouveau genre où l'adrénaline, la philosophie, l'humour et la romance arrivent à se mêler à la perfection. R est une sorte de Petit Prince zombifié qui n'a rien demandé et qui regarde le monde de ses yeux trop fixes sans l'enlaidir. C'est tout le contraire, avec lui on découvre un monde magnifique de couleur et de rêverie idéaliste.  Vivants est une de ces lectures qui enchante le lecteur dès la couverture, et qui mérite le statut de "chef d'oeuvre" car malgré toute ma bonne volonté je n'arrive pas à trouver un seul défaut à ce livre, à part celui d'être si court, 318 pages pour une telle oeuvre littéraire et une telle nouveauté c'est presque trop peu.



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